alexandrin

alexandrin

alexandrin, ine [ alɛksɑ̃drɛ̃, in ] adj. et n. m.
• 1080; lat. alexandrinus
1D'Alexandrie et de la civilisation hellénistique dont cette ville fut le centre. Poètes alexandrins (Callimaque, Hérondas, Théocrite),érudits et raffinés. Art alexandrin, généralement expressionniste (bas-reliefs, mosaïques).
Par ext. D'une subtilité excessive. « Les discussions alexandrines » (Sartre).
2(1432; de li romans d'Alexandre, poème fr. du XIIe, en vers de douze syllabes) Vers alexandrin, ou n. m. un alexandrin : vers français de douze syllabes. Du XVI e au XIX e siècle, l'histoire de l'alexandrin se confond presque avec celle de la poésie française. Une tragédie en alexandrins.

alexandrin nom masculin (du Roman d'Alexandre, XIIe s.) Vers français de douze syllabes. (Par exemple On a souvent besoin d'un plus petit que soi.) ● alexandrin (citations) nom masculin (du Roman d'Alexandre, XIIe s.) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 […] Oui, brigand, jacobin, malandrin, J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin. Les Contemplations, Quelques Mots à un autre, I, 26 alexandrin, alexandrine adjectif (latin alexandrinus, d'Alexandrie) Relatif à l'art et à la littérature de l'Égypte ptolémaïque, dont le centre fut Alexandrie.

alexandrin, ine
adj.
d1./d De la ville d'Alexandrie.
d2./d Qui appartient à l'école d'Alexandrie. Philosophe alexandrin.
d3./d Relatif à la littérature grecque qui s'épanouit à Alexandrie postérieurement au IVe s. av. J.-C. (V. alexandrinisme). Poésie alexandrine.
Encycl. La littérature grecque alexandrine fut princ. représentée par les historiens Diodore de Sicile, Denys d'Halicarnasse, Plutarque, Appien; les géographes Strabon, Pausanias, Ptolémée; les poètes Théocrite, Callimaque, Apollonios de Rhodes.
————————
alexandrin
adj. m. Se dit d'un vers de 12 syllabes. Un vers alexandrin.
|| n. m. Un alexandrin.

I.
⇒ALEXANDRIN1, INE, adj.
A.— Qui appartient à la ville d'Alexandrie, qui est relatif à cette ville, à ses habitants ou à ses mœurs :
1. L'Évangile de saint Marc est donc un abrégé de saint Matthieu écrit dans le sens le plus convenable aux Juifs d'Alexandrie. C'est l'Évangile juif alexandrin. C'est l'Évangile essénien.
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 802.
2. Pour obéir à la tradition de toutes les orgies alexandrines, elle s'était livrée tout d'abord, à trois amants à la fois; mais sa tâche ne se bornait pas là, et jusqu'à la fin de la nuit, selon la loi des esclaves qui devenaient courtisanes, elle devait prouver par un zèle incessant que sa nouvelle dignité n'était point usurpée.
P. , Aphrodite, 1896, p. 152.
Empl. substantivement. Habitant d'Alexandrie :
3. Lorsqu'après sa mort, on renversa les statues d'Antoine, un Alexandrin donna cinq millions de notre monnaie, pour qu'on laissât debout celles de Cléopâtre.
J. MICHELET, Histoire romaine, t. 2, 1831, p. 315.
1. LING. Dialecte alexandrin. Dialecte provenant de la confusion du dialecte macédonien avec les autres dialectes grecs. Connu aussi sous le nom de dialecte hellénistique.
2. LITT. Poésie alexandrine. Poésie érudite, précieuse et parfois énigmatique dans laquelle le raffinement des sentiments s'allie à la perfection de l'expression et qui, entre l'époque d'Alexandre et celle d'Auguste, a fleuri en particulier à Alexandrie :
4. On ne saurait trop recommander aux amateurs de littérature comparée l'étude de la littérature alexandrine, dont l'historien [A. Couat] en quelque sorte définitif que nous venons de citer observe, dès 1882, combien elle a d'analogies avec celle de la France contemporaine.
J. BENDA, La France byzantine, 1945, p. 223.
3. PHILOS. Philosophie alexandrine. Celle de l'école néo-platonicienne d'Alexandrie :
5. Si ses penchants le portaient avec une passion à chaque instant plus évidente vers les recherches métaphysiques, il était clair aussi que certaines périodes de la pensée humaine l'avaient retenu par un charme persistant, et tout particulièrement l'époque de la fin de la philosophie alexandrine et les premières lueurs de ce qu'on a convenu d'appeler l'idéalisme allemand, ...
J. GRACQ, Au Château d'Argol, 1938, pp. 159-160.
Empl. substantivement. Littérateur ou philosophe appartenant à l'école d'Alexandrie :
6. Les conditions de cette union dépendaient d'un premier problème : savoir, s'il y a correspondance entre les existences invisibles que la métaphysique suppose et les notions que la logique déduit, entre les réalités et les idées? C'était ce problème célèbre des universaux légué par l'Antiquité, dans une phrase de l'Alexandrin Porphyre, au Moyen Âge qui l'accepta.
F. OZANAM, Essai sur la philosophie de Dante, 1838, p. 38.
B.— Rare. D'Alexandre, nom propre (Alexandre le Grand, Alexandre Sévère, Alexandre de Tralles ...) :
7. Rome roidit ses bras contre la Gaule et l'Espagne; il lui suffit de toucher du doigt les successeurs d'Alexandre pour les faire tomber. Quelle qu'ait été l'injustice des attaques de Rome, il faut avouer que ce monde alexandrin méritait bien de finir.
J. MICHELET, Histoire romaine, t. 2, 1831, p. 51.
1. B.-A. Appareil alexandrin. ,,Espèce de mosaïque, ou plutôt de mosaïque précieuse, composée de porphyres rouge et vert, de marbres et d'émail. Il tire son nom de l'empereur Alexandre Sévère, qui en fut l'inventeur, selon Lampride. (...) L'appareil alexandrin fut très à la mode en Italie et en Sicile aux XIIe et XIIIe siècles.`` (BACH.-DEZ. 1882).
2. MÉD., vx. Emplâtre alexandrin. ,,Nom d'un emplâtre irritant, aujourd'hui inusité, inventé par Alexandre, médecin contemporain de Mesué [VIIIe-IXe s.]`` (NYSTEN 1814-20).
DÉR. Alexandriner, verbe trans., néol., iron. Faire preuve d'obscurité et de subtilité excessive dans ses propos (L. DAUDET, La Recherche du beau, 1932, p. 27). Alexandrinisé, ée, adj., rare. Gagné par la civilisation, la philosophie alexandrine (J. MICHELET, Journal, juin 1845, p. 605).
Étymol. ET HIST.
I.— Alexandrin. 1. 1100 adj. « d'Alexandrie » (Roland, 462 ds GDF. Compl. : Afublez est d'un mantel sabelin, Qui fut cuverz d'un palie alexandrin); 2. 1838 emploi substantivé philos. (Ac. Compl. 1842 : Alexandrin. Philosophe, écrivain de l'école d'Alexandrie).
II.— Alexandriner, 1932, supra rem.
III.— Alexandrinisé, 1845, supra rem.
I empr. au lat. alexandrinus, adj. attesté au sens 1 dep. PLAUTE, Pseud., 147 ds TLL, 1536, 57. II, III dér. de alexandrin 1; II dés. -er; III suff. -isé (-iser).
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — LAURENT (P.). Contribution à l'histoire du lexique français. Romania. 1925, t. 51, p. 33. — NYSTEN 1814-20.
II.
⇒ALEXANDRIN2, INE, adj. et subst. masc.
A.— Emploi adj. Qualifie le vers de douze syllabes (quand la rime est masculine) ou de treize syllabes (si l'on compte l'e de la rime féminine), appelé aussi vers héroïque ou grand vers :
1. N'en doutez pas, si un écrivain aussi parfait eût été forcé de mettre sur la scène tragique un sujet tout moderne, il eût employé le mot simple et eût rompu le balancement régulier et monotone du vers alexandrin, par l'enjambement d'un vers sur l'autre; il eût dédaigné l'hémistiche. Et peut-être même (ce que nous n'osons pas) réintégré l'hiatus, ...
A. DE VIGNY, Lettre à Lord sur la soirée du 24 octobre 1829, 1829, p. 274.
2. Il y a (...) dans le vers [alexandrin] classique certains éléments fixes et immuables, certains éléments susceptibles de variété. La coupe qui sépare les deux hémistiches ne peut pas être déplacée : elle tombe obligatoirement après les six premières syllabes et coupe le vers en deux parties égales comme nombre de syllabes (...). Chaque demi-vers est aussi divisé en deux parties ou mesures, se terminant chacune sous un temps marqué ou accent rythmique. (...) mais le nombre des syllabes de chaque mesure peut varier de 1 à 5.
M. GRAMMONT, Petit traité de versification française, 1908, pp. 88-89.
B.— [Empl. de préférence substantivement] Employer l'alexandrin dans un poème (Ac. 1835-1932) :
3. Des alexandrins bien ronflants sont un cache-sottise...
STENDHAL, Vies de Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 258.
4. ... nécessairement, il y a du tour de force dans l'exécution de ce raccourci qui consiste à emprisonner sous les douze syllabes d'un alexandrin une idée dont la transcription naturelle est autre; ...
P. BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, pp. 100-101.
5. Les vers m'ennuient, l'alexandrin est usé jusqu'à la corde; le vers libre est informe. Le seul poète qui me satisfasse aujourd'hui, c'est Rimbaud.
A. GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, pp. 1149-1150.
Rem. Syntagmes fréq. alexandrin épique, grave, harmonieux, héroïque, majestueux, noble.
Prononc. :[], fém. [-in]. PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930 attribuent à l'avant-dernière voyelle une demi-longueur. — Rem. FÉR. est le seul des auteurs ant. à PASSY 1914 à relever cette longueur, en 1768 et 1787.
Étymol. ET HIST. — 1. 1411-1432 adj. rime alexandrine « vers de douze syllabes » (Règles de la seconde rhétorique, éd. E. Langlois [Recueil d'arts de seconde rhétorique, Paris, 1902, pp. 28-29] cité par Knud Togeby, Hist. de l'alexandrin fr. ds Immanence et structure, recueil d'articles publ. à l'occasion du 50e anniversaire de K. Togeby, Copenhague, 1968, R. rom. n° spéc. 2, p. 225 : Rime alexandrine, pour faire rommans, est pour le present de douze silabes chascune ligne en son masculin et de XIII ou feminin, et sont a ceste exemple : « Seignors, or faites pais, pour Dieu le roy divin »... Après sont aultres diz faiz de ceste rime alexandrine, et en fait on tout communement diz de Vies de sains, ou aucuns traitiez d'amours, et se mettent 4 et 4, a l'exemple du Testament maistre Jehan de Meun, et ausi de la Vie Florence de Romme et de saint Alexis); 1432 ligne alexandrine (BAUDET HERENC, Doctrinal de la seconde rhétorique, cité par E. Langlois, op. cit., pp. 28-29, ibid. : Cy s'ensuivent les tailles de lignes alexandrines. Et sont dittes lignes alexandrines pour ce que une ligne des fais du roy Alexandre fu fait de ceste taille); 2. 1611 subst. (COTGR. : Alexandrin. A verse of 12, or 13 sillables).
Dér. du nom d'Alexandre le Grand, le dodécasyllabe étant utilisé ds le Roman d'Alexandre (fin XIIe-début XIIIe s.). Bien que l'alexandrin ait été antérieurement utilisé — en fr. dès 1120-1150 ds Li ver del Juïse et av. 1150 ds la Chanson d'Antioche et ses 2 suites la Chanson de Jérusalem et les Chétifs — en prov. dès 1130-1145 ds la Canso d'Antiocha, le nom d'alexandrin est issu du Roman d'Alexandre, car c'est le seul ouvrage où le dodécasyllabe s'emploie avec des rimes plates, les alexandrins rimant deux par deux [dans les chansons de geste les alexandrins sont groupés en laisses, dans les poèmes relig. en strophes, surtout en quatrains], d'apr. Togeby, op. cit., p. 226; voir aussi Porter ds Mod. Lang. Notes, t. 51, pp. 528-535.
STAT. — Fréq. abs. litt. :293. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 378, b) 206; XXe s. : a) 452, b) 540.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BÉL. 1957. — BOISS.8. — BOUILLET 1859. — DAGN. 1965. — DEM. 1802. — LAURENT (P.). Contribution à l'histoire du lexique français. Romania. 1925, t. 51, p. 33. — MORIER 1961. — NYSTEN 1814-20. — PORTER (M. E.). The Genesis of Alexandrin as a metrical term. Mod. Lang. Notes. 1936, t. 51, pp. 528-535. — PRÉV. 1755.

1. alexandrin, ine [alɛksɑ̃dʀɛ̃, in] adj. et n.
ÉTYM. 1080; lat. alexandrinus, de Alexandria « Alexandrie ».
A Adj.
1 D'Alexandrie et de la civilisation hellénistique dont cette ville fut le centre. || Poètes alexandrins (Callimaque, Hérondas, Théocrite), érudits et raffinés. || Philosophie néo-platonicienne alexandrine. || Art alexandrin, généralement expressionniste (bas-reliefs, mosaïques).Propre à l'art alexandrin.
1 (…) des formes alexandrines se maintinrent sans peine jusqu'à la cour de Ménandre et ne se maintiendront pas moins sous les rois indoscythes (…) Mais elles nous semblent toujours avoir transformé un art indien ou bactrien, parce qu'elles se développèrent en Asie Centrale, et peut-être parce que nous oublions la date relativement tardive de la prédication bouddhique dans ces régions.
Malraux, les Voix du silence, p. 148.
2 (…) en levant très haut leurs belles coupes de verre d'importation rhénane et de facture alexandrine, chargés de bijoux barbares, et goûtant tout ensemble leur luxe rude et leur danger.
M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 27.
2 D'une subtilité excessive. Alambiqué. || « Les discussions alexandrines » (Sartre).
B N. || Un Alexandrin, une Alexandrine : un habitant, une habitante d'Alexandrie.N. m. Poète, philosophe, artiste alexandrin. || Étudier les grands alexandrins.
————————
2. alexandrin [alɛksɑ̃dʀɛ̃] adj. et n. m.
ÉTYM. 1432, rime alexandrine; de li romans d'Alexandre, poème du XIIe en vers de douze syllabes.
Un vers alexandrin, ou, n. m., un alexandrin, vers français de douze syllabes. || Du XVIe au XIXe siècle, l'histoire de l'alexandrin se confond presque avec celle de la poésie française. || Poème, tragédie en alexandrins. || Des alexandrins ronflants.
0 Il venait de trouver le premier vers : Mon âme a son mystère, ma vie a son secret, mais, en comptant sur ses doigts, il s'aperçut que son alexandrin marchait sur treize pieds; il chercha un synonyme de mystère. Énigme, non, Cacher, bien; mais le substantif correspondant ? Se taire, pas mal. Mon âme se tait, non. Ça ne marchait pas. De nouveau, il calcula sur ses doigts combien de pieds faisaient : Mon âme a son mystère, ma vie a son secret. Il y en avait bien treize.
R. Queneau, le Chiendent, p. 202.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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